FRANCOIS DUFOREST NOUS ECRIT DANS SON AVION DE RETOUR
Si on m’avait dit plus tôt que j’allais participer à une si belle expérience humaine et sportive. Si on m’avait averti que je serais transporté par de telles émotions dans le Haut-Atlas. Je n’aurais pas attendu la 8ème édition de l’UTAT pour quitter quelques jours mes alpages baujus!
J’ai choisi de vivre cette aventure africaine dans un esprit de découverte, de partage et de contemplation. J’ai donc pris le temps qu’il fallait (presque trente heures) pour boucler le parcours de cet incroyable Ultra Trail Atlas Toubkal sans en perdre une seule miette.
Voici en vrac quelques images que j’emporte en avion avec moi à Annecy :
Des paysages époustouflants, des vallées perdues, des roches tendues, des terres d’un ocre intense, le lever et le coucher du soleil sur des cols mystérieux, des villages aussi hauts perchés qu’improbables, des cascades de terrasses cultivées dans des endroits juste inaccessibles, des bergeries troglodytes qu’on ne remarque qu’à portée de mains, des singletrack grandioses entre flore et minéraux, un majestueux berbère chevauchant sa mule sur d’étroites sentes, cette femme fière – une montagne de foin en guise de coiffe – croisée avec Dirk (finisher du 105km) sur une vire aérienne (cf photo), le thé à la menthe, les dates, le quartier de pain rond et la bouchée de riz à l’huile offerts par les villageois à mon passage,


la cueillette familiale des noix, d’innombrables ruelles escarpées traversée par de drôles de poules, d’énormes troupeaux de chèvres mouchetant les parois rocheuses, des rencontres inoubliables avec ces chaleureux marocains, des petits trocs complices, un tajine de poulet au citron avec Stéphane (finisher du 105km) la veille de la course, une bonne discussion le long du chemin avec ce courageux Ian qui reviendra d’Australie en 2017 terminer le parcours, les crêpes marocaines dégustées au dernier petit déjeuner avec Gaëlle (finisher du 26km), les organisateurs (Cyrille, Virginie…) dont la puissance de conviction n’a d’égale que leur ténacité, l’accueil à l’accent chantant de Mireille et de sa fille, des bénévoles surmotivés ayant pris l’avion à leurs frais pour nous inonder sans retenue de leur bonne humeur réconfortante, un staff médical omniprésent aux compétences assurées même dans ces conditions extrêmes, des rapports humains horizontaux avec des personnages hors du commun (Eduard Jornet père de l’extraterrestre, Christophe Le Saux insatiable ultratrailer globe trotter et Omar Bourhim qui marche 80km pour venir faire l’UTAT), la pittoresque soirée couscous animée par une équipe de marocains aux petit soins…
Quelques chiffres :
Cinq jours inoubliables, trois nuits sous tente avec Roberto (finisher du marathon) à 2600m d’altitude parmi les brebis et les gelées blanches matinales, une bonne poignée d’inquiétudes envolées, douze belles heures à trottiner dans une nuit si profonde qu’elle dévoile des étoiles invisibles ailleurs, quatorze PC-bivouac aux abords difficiles dont un à 3303m d’altitude sur les pentes sommitales du Toubkal, des dizaines de regards émouvants, des envolées affectueuses de “bonjour ça va?”, des centaines de sourires partagés, 105 km de pure nature, des milliers de mètres de dénivelé avalés (6500D+), une altitude de 3676m atteinte au coeur de la nuit dans un vent glacial, 2000m de dénivelé négatif d’une traite avec une attaque qui n’a rien a envier à la descente de la Fenêtre d’Arpette (variante du TMB), des millions de microgrammes d’adrénaline, de dopamine, d’endorphine et de sérotonine sécrétés…
Alors si vous aussi vous souhaitez vivre une incroyable aventure humaine. Si pour une fois vous voulez faire un ultra en sortant la tête du guidon et en oubliant votre chrono. Si vous aspirez à rentrer en osmose avec l’Atlas, ses paysages, ses habitants, son énergie magique… N’hésitez pas et offrez-vous l’UTAT 2017.
Mais attention, prévenez vos proches, vous ne serrez plus tout à fait le même en repartant d’Oukaïmeden.
François Duforest, finisher du 105k
