VAINQUEUR DE L'UTAT 2016, JONATHAN THERY RACONTE
Co-vainqueur de l’Ultra 105 avec Rudy Bonnet, Jonathan Thery signe cette année une belle performance sur les sentiers de l’Atlas. Responsable R&D Salomon, passionné de trail et amateur de yoga, il nous parle de sa course et son dépaysement sur l’UTAT. Rencontre avec ce sportif à la jovialité contagieuse, qui ne manque pas d’humour lorsqu’il s’agit de raconter ses aventures.
Bonjour Jonathan, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ? Vous, votre parcours, votre rapport au trail et depuis quand vous pratiquez ce sport.
Je pratique le trail depuis 5 ans, j’ai commencé au Canada, un copain m’avait emmené courir en montagne, je me suis dit «quel taré…je crois que j’adore ça» et depuis c’est une passion, avant j’ai essayé pas mal de sports, Football pendant 6 ans, handball, cyclisme.
Je travaille chez Salomon en R&D sur les chaussures de trail, alors je baigne dedans au quotidien. Mais la course en elle-même, la compétition, est juste un moyen de mettre en œuvre ce qu’on travaille à l’entrainement. Cela donne des objectifs et permet de se montrer qu’on est capable de beaucoup de choses.
Comment avez-vous connu l’UTAT et qu’est-ce qui vous a motivé à y participer ?
J’en avais entendu parler il y 2 ans et ça me trottait dans la tête depuis. L’année dernière je n’ai pas pu venir mais deux amis ont participé et m’en ont dit le plus grand bien. Ils m’ont tenu un discours que je tiens également depuis mon retour.
Qu’est ce qui, selon vous, différencie l’UTAT des autres courses du circuit international ?
En 3 mots : technicité, altitude, autonomie. Les chemins sont assez techniques et semé d’embuches, il y’a beaucoup de cailloux, je retiens notamment la descente sur Imlil de mémoire quasiment 2000m de D- sur 12 km. ( Mon pauvre short s’en souvient). Avec la Hardrock et Leadville aux USA je pense que c’est l’un des Ultras les plus en altitude et ça joue beaucoup sur la vitesse de déplacement. La semi autonomie est véritable et il faut vraiment avoir tout ce qu’il faut dans le sac pour passer une nuit en montagne.
Cette année vous remportez l’épreuve avec Rudy Bonnet. Que représente cette victoire ? Pouvez- vous me raconter votre partage de la ligne d’arrivée ?
Cette victoire est la récompense de plusieurs mois d’entrainement et de patience. C’est surtout un moment de bonheur simple, je n’ai pas pu courir beaucoup cette année et ce n’était que ma 3eme course alors outre le résultat le simple fait de courir pendant 105 km est une immense joie. On a tendance à banaliser ces distances mais pour chaque coureur à son niveau c’est une victoire.
Concrètement on s’est retrouvé avec Rudy au 70e KM et je pense qu’on était content de trouver quelqu’un à qui parler. On est quand même souvent seul pendant les courses alors le fait de pouvoir partager un bout de chemin, de discuter, de se marrer ça fait passer le temps et ça crée des souvenirs particuliers. Je pense que c’est un bon moment pour Rudy comme pour moi et il y a des images qui sont gravés dans ma mémoire. L’ambiance à l’arrivée était juste irréelle, tous les coureurs était là et Ludo (Collet) avait mis le feu.
Une anecdote, une image que vous gardez en tête et qui serait représentative de votre expérience à l’UTAT ?
L’image : le lever du soleil sur l’Atlas
L’anecdote : Ravito 2 au 68e km : Un bénévole marocain me demande ce que c’est cette poudre blanche que je mets dans ma gourde, je lui explique que ma boisson énergétique est un mélange 50% cocaïne 50% héroïne, et que j’ai bien de la chance d’avoir pu en ramener autant de France sans me faire choper, il traduit en arabe, petit moment de doute de l’assistance suivi d’un énorme fou rire général. Tout ça au fin fond de l’Atlas ;-).
Les enfants malicieux qui nous indiquent le mauvais chemin avec insistance et nous regardent nous éloigner et faire demi tour. Pendant ce temps ils rient et partent en courant, ça m’a fait rire aussi. D’autres coureurs ont eu droit à la même farce mais tous l’ont pris avec humour.
Votre plus grande difficulté durant cette course?
Le poids du sac ;-), je ne suis pas habitué à courir avec un sac aussi chargé, mais là il fallait bien tout ça ! Surtout au niveau de l’eau.Je citerais aussi le réveil à 5h du mat sous la tente dans le froid, vous savez ces moments ou on se dit « non mais là on va pas aller courir quand même » et qu’on devine la même pensée dans les yeux de ses copains et que 5 minutes plus tard toute le monde est en short sous les étoiles.
Enfin, si vous deviez décrire l’UTAT en un mot…
Pas facile de répondre, mais bon allez je triche un peu : plus qu’un trail je dirais que l’UTAT est une Aventure et que c’est une course Pure.